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Le saumon de l’Atlantique prepare-t-il son grand retour?

Pour la première fois depuis des années, le Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM) observe une légère hausse des stocks.

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Neville Crabbe. Maude Montembeault/Radio-Canada

Au Québec et au Nouveau-Brunswick, plusieurs rivières subissent les contrecoups du déclin spectaculaire de la population de saumons de l’Atlantique. Des initiatives, en partenariat avec les Mi’kmaq, s’ajoutent aux efforts des pêcheurs commerciaux du Groenland pour sauver le « roi de la rivière ».

La légendaire rivière Miramichi n’est plus ce qu’elle était.

En 2019, seulement 15 000 saumons sont revenus dans la rivière après leur périple de deux à trois ans dans la mer du Labrador, à l’ouest du Groenland. Il y en avait pourtant 112 000 au début des années 90.

C’est ce type de constat qu’a fait Fred Campbell après deux séjours sur la rivière. Un en 2009. L’autre en 2019. On a fait, il y a dix ans, un voyage extraordinaire avec de belles prises. Tout dernièrement, un voyage beaucoup plus difficile.

Le PDG de Hooké, qui produit notamment des séries sur la chasse et la pêche, a rêvé de la Miramichi comme des milliers d’autres amateurs de partout sur la planète. La rivière est reconnue mondialement.

Il peut témoigner des effets des changements climatiques, de l’agriculture, de la déforestation et de la présence du bar rayé, tous montrés du doigt pour le déclin du saumon.

De rares bonnes nouvelles

On parle rarement, peut-être même jamais, du saumon de l’Atlantique(Nouvelle fenêtre) parce que l’espèce se porte bien. Pour la première fois depuis des années, des indicateurs laissent croire qu’elle irait un peu mieux.

Le Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM), basé à Copenhague, note une augmentation des prises commerciales en 2020 comparativement à 2019. Son plus récent rapport vient d’être publié (en anglais)(Nouvelle fenêtre).

Dans les rivières de l’est du Canada, on fait le même constat pour la pêche récréative.

La situation demeure hautement préoccupante, mais les derniers relevés font croire à la Fédération du saumon atlantique que les efforts des pêcheurs commerciaux du Groenland(Nouvelle fenêtre) pourraient porter fruit.

En acceptant que les captures restent sous la barre des 20 tonnes, ils obtiennent de l’aide pour développer une pêche durable, l’écotourisme et des projets scientifiques. Cette entente s’est officialisée en 2018.

<< Les gestes posés prennent quelques années pour qu’ils se matérialisent, >> indique Neville Crabbe, le directeur des communications de la Fédération. Il croit que les nouvelles données montrent qu’un changement s’opère. Il souhaite que ce soit le début d’une nouvelle tendance à la hausse.

Des refuges thermiques pour les saumons

À elle seule, l’entente avec les pêcheurs commerciaux ne réglera pas tout. Surtout pas l’enjeu du climat. Une douzaine de projets de restauration de l’habitat du saumon sont lancés au Nouveau-Brunswick, sur différentes rivières.

Sur la Miramichi, on s’attaque à l’augmentation de la température de l’eau. Elle devrait être entre 15 et 20 degrés Celsius pour que le saumon y soit bien. Au-delà de 25 degrés Celsius, le risque de mortalité augmente.

Quand Fred Campbell a effectué son second voyage de pêche, à l’été 2019, elle frôlait les 30 degrés Celsius et le niveau de l’eau était très bas.

On trouvait ça un peu alarmant, même différent, de constater à quel point la rivière était basse. Les saumons étaient un peu léthargiques, se rappelle Fred Campbell, PDG de Hooké.

C’est vraiment préoccupant en ce moment, s’inquiète le biologiste mi’kmaw Devin Ward. Il travaille pour Anqotum, qui s’occupe de la gestion des ressources pour la communauté de Eel Ground. Anqotum signifie « prendre soin de » en mi’kmaw.

Avec son équipe, il tente de créer des refuges thermiques sur la Miramichi afin que les saumons s’y réfugient. Au bord d’un des 11 ruisseaux qui font partie de son projet, il explique comment le petit cours d’eau a été empierré pour éviter que l’eau y stagne et se réchauffe.

Le but est de légèrement modifier le tracé du ruisseau pour que l’eau froide fasse son chemin le plus rapidement possible vers la rivière.

Comme l’empierrement a eu lieu l’an dernier, l’été 2021 permettra d’évaluer si l’initiative est efficace.

De jeunes biologistes au front

C’est Lyndsay Jay-Keating qui sera aux premières loges pour voir si les efforts déployés sur la Miramichi donneront des résultats.

La jeune femme de 23 ans, originaire de Miramichi, est maintenant biologiste sur la rivière qui l’a vue grandir. C’est elle et deux étudiantes dans le même domaine qui recensent les populations de poissons.

Des trappes rotatives, installées sur la rivière, piègent les saumoneaux. Les trois jeunes femmes mesurent, un à un, les petits poissons et leur installent une minuscule étiquette numérotée, avant de les remettre à l’eau.

La biologiste décrit la rivière Miramichi comme son petit paradis : my happy place. Ses grands-parents lui ont raconté leurs histoires de pêche au saumon. Elle s’attriste de réaliser qu’elle ne vivra peut-être jamais de telles expériences.

Les chiffres ont tellement baissé qu’il est très rare que les jeunes de mon âge aient déjà vu un saumon sauvage, déplore Lyndsay Jay-Keating.

C’est pour améliorer ce constat qu’elle y consacre maintenant sa carrière.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1792260/peche-saumon-riviere-miramichi-futur-avenir

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